LTC Eric Merck, tisser des liens autour de valeurs communes [en]

Le lieutenant-colonel Eric Merck est un homme chargé de responsabilités. En effet, sa mission est commandée par l’attaché à la défense, basé à l’ambassade de France aux Etats-Unis, à Washington D.C. Cependant, son travail est avant tout motivé par des principes, profondément ancrés en lui. Pour le lieutenant-colonel Merck, la liberté, l’égalité et la démocratie sont des valeurs vitales qu’il faut savoir défendre.

Né à Saumur, dans la Vallée de la Loire, en France, Lieutenant-colonel Merck a pris la décision de s’engager dans l’armée après s’être rendu à Berlin, à l’époque de la Guerre Froide. Témoin des effets du pacte de Varsovie, il a réalisé l’importance de défendre les valeurs dans lesquelles on croit et s’est alors engagé dans les rangs de l’armée de Terre, en 1981. Après ses études à l’école militaire interarmes pour être promu officier, il est devenu, en 1988, un pilote d’hélicoptère de combat, accumulant plus de 3000 heures de vol au cours des 25 années suivantes. Comme beaucoup de ses missions ont été effectuées aux côtés des Américains et que son niveau d’anglais est excellent, il s’est vu offert le poste d’officier de liaison à Fort Rucker, en Alabama, en 2012.

Qu’est-ce que c’est un officier de liaison ?

Un officier de liaison (OL) sert d’intermédiaire entre les armées de deux pays afin de coordonner leurs activités. Fort Rucker compte un officier de liaison Français depuis 1958. Ce rôle qui comporte plusieurs facettes exige du lieutenant-colonel Merck de faire des présentations sur la France et l’Europe et leurs rôles respectifs au sein de l’OTAN, d’enseigner aux plus jeunes officiers Américains les différences qui existent entre les deux cultures, mais également les informer sur les stratégies, les doctrines et politiques de défense et enfin de montrer aux soldats Américains qui ont combattu vaillamment aux côtés de l’armée française la reconnaissance qui leur ai dus. En facilitant une compréhension réciproque, les officiers de liaison, tels que LTC. Merck, assurent que les armées françaises et américaines travaillent ensemble avec succès.

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LTC Merck avec le Secrétaire à la Défense, Mr Chuck HAGEL, lors de sa visite à Fort Rucker le 10 juillet 2014 (source US Army Aviation center of Excellence)

J’aime rappeler aux gens que je représente le plus ancien allié des Etats-Unis,” explique Merck. “L’armée française jouit d’une véritable crédibilité aux yeux des Américains, avec une excellente politique de défense commune. De l’opération “tempête du désert” aux douze dernières années en Afghanistan, nous avons collaboré très étroitement. Il est absolument essentiel que nous sachions travailler ensemble, que nous nous entraînions ensemble et que le Tigre [hélicoptère d’attaque européen [1] ] soit capable d’échanger des informations avec l’Apache [hélicoptère d’attaque américain]."

Le lieutenant-colonel Merck se réjouit de pouvoir partager son expérience avec des officiers américains dont les plus jeunes n’ont pas toujours d’expérience transculturelle. “Ces hommes sont intelligents, motivés, et intéressés,” explique-t-il. “Ils rient beaucoup lorsque je leur explique que les Français jugent hypocrite les Américains lorsqu’ils demandent “How are you ?”, qui est une forme de politesse qui n’appelle pas de réponse..

Un Français en Amérique profonde

Lorsque le lieutenant-colonel Merck a été affecté à Fort Rucker, sa femme et lui ne s’attendaient pas à s’installer si loin. Cependant, après une première expérience avec leur fille ainée dans le Sud de l’Allemagne ; ils étaient heureux de pouvoir offrir à leurs garçons une nouvelle expérience culturelle qui leur permettrait de perfectionner leur anglais avant d’aller à l’université.

Cependant, nous ne voulions pas vivre sur une base militaire. Il était important pour nous de vivre avec les civils et avoir une expérience américaine authentique,” explique-t-il. Aussi, grâce à internet et l’aide d’un Officier de Liaison Canadien qui a effectué des missions de reconnaissances, ils ont trouvé une maison à Entreprise, Alabama, à 16 kilomètres de la base.

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LTC Merck a remis l’insigne de la Légion d’Honneur au Colonel (retired) Daniel G.GUST, vétéran américain de la Seconde Guerre Mondiale, le 14 juillet 2014 à Enterprise, AL.

“L’Alabama est connue pour son hospitalité légendaire. Ici, nous nous sentons chez nous,” déclare le lieutenant-colonel Merck, évoquant ses joggings matinaux avec sa femme, leurs amis du voisinage qu’ils voient presque chaque jour, les fins de semaine passées à jouer au golf plus pour entretenir des relations sociales que pour le sport lui-même, mais également ses échanges au sujet des tactiques utilisées lors de la guerre de Sécession et de la Révolution Américaine.

Il évoque également leur surprise lorsque des gens, voyant son uniforme, l’arrêtent dans la rue pour le remercier pour son service. Même son épouse reçoit ces marques de sympathie. “Il y a un profond respect pour ceux qui servent leur pays et ses alliés. Je suis autant respecté [qu’un soldat américain].”

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LTC Merck avec sa femme lors de la cérémonie de Memorial Day en 2013

Sa famille étant la seule famille française de la communauté, le lieutenant-colonel Merck est conscient de sa responsabilité de bien représenter la France, même en dehors de ses fonctions officielles. Et il prend cette tâche très à cœur.

En retour de l’hospitalité offerte par l’Alabama, la famille Merck met un point d’honneur à organiser des dîners gourmets au cours desquels la quasi totalité de la collection de 300 bouteilles de vin français, apportée de leur cave de Saumur, a été vidée. Au cours de l’été, ils ont organisé 5 dîners à la française, afin d’offrir à leurs voisins et collègues une authentique expérience des longs dîners, avec l’accord mets et vins et différents couverts qui ont su angoisser même des colonels. Aussi, Le lieutenant-colonel Merck ne cesse de chanter les louanges des talents culinaires de son épouse ainsi que ses progrès en anglais, qui, de plus, traduit et convertit les recettes afin de les offrir à leurs invités américains.

Toute bonne chose à une fin

Quant il songe à leur retour imminent en France, le lieutenant-colonel Merck évoque son souhait de remplir sa cave de vins américains, continuer à enseigner le français, quelques heures par semaine, terminer, en collaboration avec ses homologues allemand, australien, canadien la création d’une association multinationale afin d’unir les différents villes accueillant une école d’aviation à travers le monde, et finalement explorer les Etats-Unis pendant son temps libre, et notamment le Montana, Washington, et l’Idaho et découvrir des petites villes aux origines françaises telle que Coeur d’Alene, Idaho. De même, le lieutenant-colonel Merck espère que sa fille, son gendre et son petit-fils viendront leur rendre visite et jouir en famille d’une première expérience en Amérique.
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Quitter l’Alabama sera un véritable crève-cœur,” confie Merck en ajoutant que devant sa maison flottent, côte à côte, les drapeaux français et américains, témoins de son attachement à son pays d’adoption et de sa fidélité à sa patrie. Le maire d’Enterprise lui a également promis de lui remettre la clé de la ville, symbole de son intégration. “Cependant, nous serons heureux de rentrer. Être loin de ses enfants est parfois difficile.”

En attendant sa nouvelle mission, le lieutenant-colonel Merck et son épouse sont déterminés à demeurer investis dans la vie locale, tant civile que militaire, et profiter au maximum de leur Sweet Home Alabama.

[1Qui équipe les armées de Terre allemandes, australiennes, espagnoles et françaises

Dernière modification : 02/09/2014

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