Claire-Juliette Beale, co-fondatrice de la communauté French Tech Raleigh-Research Triangle [en]
Née au Maroc d’une mère normande et d’un père parisien, Claire-Juliette Beale a toujours été intéressée par l’international et particulièrement les Etats-Unis.
Après une dizaine d’années passées dans les villes américaines de Washington et de Philadelphie, cette Française s’est installée en 2007 à Durham en Caroline du Nord où elle travaille actuellement en tant que « Global Industry Principal – Midmarket » chez SAS, leader mondial des logiciels et solutions analytiques.
La région Raleigh-Research Triangle Park-Chapel Hill du Sud-est des Etats-Unis passe parfois inaperçu pour les Français ; un point que Claire-Juliette admet tout en soulignant que les Américains se sont également moins familiarisés avec les villes de France au-delà de la capitale. Elle défend les atouts de cette région qui compte de grands groupes français – dont bioMérieux, Schneider et Sodexa – ainsi qu’une communauté française dynamique de startup et PME.
En mai dernier, la communauté French Tech Raleigh-Research Triangle a été labélisée par la Mission French Tech. Cette initiative, dont Claire-Juliette Beale est co-fondatrice et membre du conseil d’administration, vise à réunir les acteurs de la communauté des startups de cette région afin d’accélérer le développement et l’approfondissement des liens entre la région et la France.
De son parcours jusqu’à Durham, à sa participation à l’initiative French Tech Raleigh-Research Triangle, en passant par ses liens avec les Etats-Unis, Claire-Juliette Beale a répondu à nos questions.
Vidéo : Sous-titrage disponible en anglais et français
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai un parcours un peu spécial. Mes parents étaient français. Par ma mère, nous sommes de Normandie depuis des siècles. Par contre, du côté de mon père, nous sommes originaires de Paris. Mais moi je suis née à Tanger au Maroc. J’ai passé les huit premières années de ma vie au Maroc avant de revenir en France avec mes parents.
C’est qui est peut-être unique et ce qui m’a aussi poussé à venir découvrir les Etats-Unis, c’est le fait que mon père était proche des Américains. Il avait combattu avec les unités américaines pendant la deuxième guerre mondiale en tant qu’attaché militaire de liaison et il a d’ailleurs eu la « bronze star ». Sa mère, Pauline Niboyet, avait enseigné aux États-Unis. Elle y est d’ailleurs décédée. Mon arrière-grand-père, Paulin Niboyet, y était consul de France à Chicago au moment du grand incendie de 1871. Donc j’ai toujours eu une passion, une relation, un intérêt pour les Etats-Unis.
Comment vous êtes-vous retrouvée en Caroline du Nord ?
En fait, j’ai épousé un américain et je suis arrivée en Caroline du Nord après avoir vécu aux États-Unis près de Washington DC pendant plus de 10 ans et à Philadelphie pendant 2 ans. J’ai rejoint en tant que cofondatrice un ancien d’IBM qui voulait créer une entreprise dont le but était d’aider des sociétés dans tout qui était leurs objectifs d’innovation, de design et de développement de produits.
J’ai adoré la Caroline du Nord et notamment là où nous nous sommes installés à Durham, qui fait partie de la région Raleigh-Durham-Chapel Hill. Donc c’est ce qui m’a amenée à m’installer et rester ici.
Pourquoi avez-vous rejoint l’initiative La French Tech Raleigh - Research Triangle ?
Après mon arrivée aux États-Unis, après avoir travaillé d’abord pour des grandes entreprises, comme KPMG, etc., je me suis mise à mon compte et j’ai travaillé, par exemple, pour une société de conseil française qui aidait au transfert de technologies ou de joint-ventures international, y compris aux US, mais pour laquelle je faisais aussi de la veille concurrentielle sur les États-Unis pour la France. Donc, j’ai toujours eu une passion pour tout ce qui est lié au développement international et au développement des entreprises des deux côtés de l’Atlantique. C’est l’une des raisons qui m’ont amenée à vouloir participer au développement de La French Tech Raleigh - Research Triangle. L’autre chose – dont beaucoup de personnes en France ne se rendent pas compte – c’est que nous sommes une communauté française en Caroline du Nord qui est en pleine croissance. Nous sommes maintenant 3 000 personnes sur la région de Raleigh-Durham-Chapel Hill. Quand je suis arrivée ici en 2007, j’étais inquiète car je venais de Washington DC et de Philadelphie où il y avait beaucoup de Français. J’avais très peur que nous soyons peu nombreux. Mais, non seulement notre communauté est en forte augmentation mais la croissance des investissements par les fonds de Venture Capital va augmenter sa présence. Le but de la communauté French Tech Raleigh - Research Triangle est de contribuer à la fois à la visibilité de la France au-delà de Paris sur la région de Caroline du nord et réciproquement.
La French Tech Raleigh - Research Triangle vient de recevoir sa labellisation. Qu’est-ce que la communauté a prévu pour les mois à venir ?
On en est effectivement à une phase initiale où on est en train justement de définir nos objectifs, d’écouter les priorités des startups dans le « Triangle » et de rencontrer beaucoup d’entre elles. On cherche à révéler les talents cachés des entreprises et technologies françaises et les connecter avec la communauté. Il y a aussi beaucoup d’efforts à l’inverse pour faire connaître et atterrir en France des entreprises américaines notamment avec beaucoup de partenariats avec des autorités de la région. On va aider à établir les connexions, notamment entre les membres mais aussi d’autres contacts nécessaires à la prise de décision, l’installation et la croissance. Toute personne intéressée peut devenir membre de la French Tech Raleigh - Research Triangle et en suivre les activités. A l’heure actuelle, nous organisons des événements virtuels mais il y aura davantage d’événements dans les mois et les années à venir.
L’équipe de La French Tech Raleigh - Research Triangle est fantastique et c’est aussi l’une des raisons pour laquelle j’ai rejoint cette initiative. Nous avons des talents vraiment extraordinaires et je suis impatiente de voir et de découvrir beaucoup de ces jeunes talents qui viennent de France, qui sont dans la technologie mais pas uniquement et qui ont des idées vraiment créatives. Nous avons tous envie de les aider. Je pense que nous allons pouvoir contribuer de façon fantastique à aider les entrepreneurs à réussir leurs objectifs. Ce n’est pas toujours facile. Parfois, il faut échouer pour réussir au bout du compte. Mais comme on dit en français : « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »