Claire Berger, alchimiste du graphène

Janvier 2011. Atlanta se réveille sur une grande patinoire. Plusieurs centimètres de glace recouvrent la ville est ses environs. Toute la région est paralysée.

Toute ? Non. A Sandy Springs, la famille de Claire Berger, habituée des Alpes, sort ses skis, ses chaussures et ses bâtons. Si personne ne peut aller au travail, il faut tout de même s’approvisionner en nourriture. Avec toute sa famille, Claire Berger arpente les rues jusqu’au supermarché ouvert deux heures par jour et, avec des sacs à dos, approvisionne ses voisins. La famille Berger-Marinkovic, triculturelle avec une culture française, un mari serbe et depuis dix ans aux Etats-Unis, est aujourd’hui bien intégrée dans la grande cité d’Atlanta, « ville sous la forêt » comme Claire la qualifie.

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Claire Berger est physicienne. Déjà enfant, elle jouait aux Legos, alors quand un de ses professeurs prédira que plus de la moitié des matériaux des années 2000 restent à découvrir elle se passionnera pour l’exploration de ces champs mêlant observation et création. Sa thèse à Grenoble est la première en France sur les « quasi-cristaux », des cristaux dont les théories orthodoxes de la science du début du XXe siècle refusaient l’existence.

En physique comme dans la vie, il faut aller de l’avant. Lorsque son mari Branislav, ingénieur à Hewlett-Packard à Grenoble, se voit proposer un poste à Atlanta, la famille n’hésite pas. Le CNRS, qu’elle a intégré entre temps, permet la mobilité. Tout le monde s’installe à Atlanta. Si la famille fait le choix de s’intégrer, Claire reste très attachée à la France et à ce que ses enfants conservent cette culture. Ainsi, les enfants sont à l’école locale, avec les cours du CNED et des séjours réguliers en France, ils sont bien ici tout en gardant le sentiment d’être français.

Elle s’intègre très rapidement à l’équipe de Georgia Tech dirigée par le professeur Walt De Heer, équipe pionnière dans le monde pour ses études sur le graphène. Le graphène ! Inutile de retenir ce mot: la révolution que ce feuillet de carbone pur va occasionner dans nos vie se chargera de l’incruster dans notre quotidien comme il en a été du « transistor ». Ces travaux sont effectués en étroite et permanente collaboration avec la France, et notamment dans le cadre d’un Partner University Fund (PUF) qui associe Georgia Tech à plusieurs centres de recherches en France, plus particulièrement au CNRS. Ces partenariats permettent d’échanger des chercheurs (étudiants ou confirmés) entre nos nations.

Claire est aussi soprano, membre de la chorale « Atlanta Master Chorale » qui sélectionne étroitement ses chantres de musique sacrée. En 2013, l’ensemble remportait le prestigieux « Margaret Hillis Award for Choral Excellence ». Ses parents se sont connus dans une chorale à Clermont-Ferrand, il s’agit là des traditions, si bien que toute la famille possède une âme musicienne et pratique divers instruments.

Pour Claire Berger, la musique, la science, le cadre familial, la ville d’Atlanta et son université dont elle vante l’accueil, sont les composants d’un tout dont elle met en avant l’unité féconde. Pour elle, le monde est une création permanente et les humains sont les co-créateurs aussi bien pour ce qui est de l’innovation scientifique que pour la création artistique, que pour la vie de famille. Cette vision, en harmonie avec sa condition humaine de mère où il s’agit aussi d’assurer le continuum de la création est ce qui l’exalte et donne un sens à son existence, aux existences.

Claire Berger se souvient de sa découverte de jeunesse: « le monde est subordonné aux mathématiques ». En quoi elle reprend à peu de choses près, le paradigme du fondateur de la science moderne, Galilée. Et d’expliquer que les maths donnent cette grille de lecture incontournable pour les phénomènes qui nous entourent, en assurent l’unité constitutionnelle. Pour Claire, qui fait remonter sa vocation de scientifique à son grand-père chimiste, la physique, la musique, la création permanente où les humains sont acteurs et créateurs contribuent à un émerveillement qui fait toujours aller de l’avant.

Photo: Gary Meek

Last modified on 29/08/2013

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