Portrait de Valérie Massadian : artiste résidente à Atlanta
Valérie Massadian est l’une des dix cinéastes sélectionnées pour participer au projet de résidence d’artiste de la Villa Albertine "10 in America"
Suivez son travail à Atlanta sur Instagram : @vava_massa.
Valérie Massadian est une cinéaste et photographe autodidacte, qui a été sélectionnée pour participer au projet de résidence "10 in America" de Villa Albertine, le service culturel du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères.
"Autodidacte, j’ai appris en faisant, auprès et avec d’autres. Artistes, photographes, cinéastes. J’ai dû travailler dès mes 16 ans. J’ai été fille-mère. J’ai eu comme les chats plusieurs vies. J’ai donc construit petit à petit avec toujours ce même horizon, celui de cette vie où je serais l’instigatrice de tout ce qui me garde vivante et qui deviendrait films. Le cinéma comme une neuvième vie, où je m’acharne à filmer comme on apprend à aimer, avec patiente, décence, respect et tendresse."
"J’espère toujours faire "avec" plutôt que "sur". Au verbe diriger, je préfère celui de jouer, au sens premier. Jouer au film. Ensemble. J’essaie de fabriquer un espace cinéma où les protagonistes ont la place et le temps d’infiltrer le film de leur fragilité, de leur force, de leur pudeur, de la rythmique de leurs corps et de leur parole. Mes films s’attachent aux corps, au temps, aux espaces, aux gestes ou aux respirations avec la même attention, avec la foi que le vivant, ses émotions et ses offrandes résonneront avec ce que le film travaille."
Elle réalise son premier film en 2011, Nana, qui reçoit l’Opera Prima au Festival de Locarno. Son deuxième film, Milla, ainsi que ses courts-métrages ont été sélectionnés et récompensés dans de nombreux Festivals Internationaux tel que Jeonju, Locarno, Valdivia, Ficunam, Doc Lisboa… Son travail se concentre sur des personnages féminins. Leur animalité, leur rapport au monde et à la nature. Construits dans le temps avec chacun-e-s des protagonistes, mêlant conte et réalisme, poétique et politique, ses films jouent avec les frontières de la fiction pour en redessiner d’autres qui leurs sont propres Ces cinéastes en résidence exploreront chacun une ville américaine différente, afin de créer un court-métrage, aboutissant à une série documentaire qui présente un portrait singulier et contemporain des Etats-Unis.
"Le cinéma est cette neuvième vie dans laquelle je m’efforce de filmer comme on apprend à aimer : avec patience, décence, respect et tendresse."
Le projet fait partie de “10 in America” lancé par Catherine Bizern & Michel Klein : “En 1964, le film à sketches Paris vu par rassemble six jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague. Six histoires, six visions de Paris et l’un des films sans doute les plus emblématiques d’une époque et d’un cinéma français en pleine effervescence. C’est sur ce modèle que repose “10 in America” : une collection de 10 courts-métrages, qui pourront être regroupés, dont la réalisation est confiée à dix cinéastes français. Chacun en immersion dans une ville des Etats-Unis nous en restituera son expérience”.
Un van, sorte de speaking corner mobile, s’installe à l’angle d’une rue, au cœur de chacun de ses quartiers, plus dissonants les uns que les autres, mais qui ensemble tissent Atlanta. Sur le flanc du van, tagué en lettres colorées, un
here we listen
here you can talk
my camera your words
(Ici on écoute / ici on peut parler / ma caméra, vos mots)
La relation qu’ont les gens à l’espace, au social, au politique, là dans ce petit van mobile. Filmer la ville, en plans larges, l’architecture, les rues qui bouillonnent, les rues désolées, le jour, la nuit, comme des résonances de toutes ces paroles. Errer, se perdre pour trouver.
"M’a été offerte la ville d’Atlanta que je ne connais pas. Une ville à la fois ultra moderne et chargée d’histoire, de lutte sociale et politique. J’ai l’intention de quadriller la ville de quartiers en quartiers. Luxuriants, désolés, gentrifiés, abandonnés, tous les quartiers habités, hantés, marqués, tout comme les corps qui les habitent, les investissent ou les subissent."