Harold P. McMurran [en]

Né à Dora en Alabama en 1924, Harold P. McMurran se tenait informé de la situation géopolitique de l’Europe et savait la guerre imminente. Après le lycée, il est formé au métier de mécanicien aéronautique puis essaie, en vain, d’intégrer l’armée de l’air. Peu après son 19ème anniversaire, il est mobilisé et intègre l’armée. Son service débute le 28 mai 1943 avec un entraînement de base à Camp Shelby, dans le Mississippi, où il est formé à la réparation des équipements endommagés au cours des combats.

McMurran se rend ensuite en Angleterre le 28 février 1944, et suit un entrainement de plusieurs mois sur les plages de Plymouth, en vue du jour J.

« On s’entraînait. Nous n’étions au courant de rien, » raconte le vétéran depuis sa maison de New Market, Alabama, au cours de notre entretien téléphonique. « Je pense que même le commandement n’en savait guère plus… si ce n’est que nous allions faire face à de très violents affrontements. »

Le 6 juin 1944, McMurran débarqué à Utah Beach avec la 546ème compagnie. Après trois jours de combat, les Alliés réussissent à prendre le contrôle de la plage et à poursuivre leur percée à l’intérieur des terres et, après six semaines de lutte acharnée, à enrayer l’ennemi.

Avec son unité, McMurran traverse de nombreux villages, qu’il a libérés des derniers tireurs allemands.

« J’ai rencontré très peu de Français, » raconte-t-il. « J’ai vu beaucoup de désolation. Des carcasses de bétails. Des cadavres d’Allemands… d’Américains… »

JPEG - 10.8 ko
McMurran being decorated with the Legion of Honor. Photo by Rita Richardson.

Parmi ses meilleurs souvenir, figure celui du Général Patton impatient d’obtenir du whisky pour ses troupes. Ainsi McMurran a-t-il été sélectionné pour se rendre en tracteur jusqu’à Bordeaux avec d’autres soldats pour se procurer du « cognac, ou n’importe quoi d’autre qui y ressemble. » Le trio reçoit à cet effet des rations supplémentaires, un pot de vin utile pour se tirer d’un mauvais pas si les circonstances l’exigeaient.

En cours de route, McMurran a rencontré des difficultés. Une panne mécanique le contraint à s’arrêter pour demander de l’aide. En dépit de la barrière de la langue, il comprend qu’au bout de la route se trouve une décharge, dans laquelle trouver les pièces de rechange nécessaires à la réparation. La nuit approchant, les français l’invitent à passer la nuit chez eux. Pour la première fois depuis longtemps, McMurran déguste des œufs frais.

« Ils m’ont installé dans la chambre de leur fils, » se souvient-il, la voix remplie d’émotion. « Il était en Afrique du Nord, où il se battait avec les Forces Françaises Libres. »

McMurran n’a pas réussi pas à se rendre à Bordeaux, mais ses deux compagnons, eux, y sont parvenus.

À près de 90 ans, McMurran dirige encore son entreprise aéronautique, à laquelle il consacre du temps, principalement pour permettre à son épouse de 67 ans d’avoir du temps à elle. Père de 3 enfants, grand-père de 9 petits-enfants et arrière-grand-père de 4 arrière-petits-enfants, McMurran laisse derrière lui l’héritage d’une vie bien remplie.

Lorsqu’il arbore sa coiffe militaire, sur laquelle se trouvent les emblèmes de la guerre de Corée, il n’est pas rare que des gens offrent, à sa femme et à lui, de payer l’addition.

De la guerre, il a également conservé un emblème nazi qu’il avait prélevé sur un prisonnier dont il avait la garde. JPEG

« Ce soldat avait vécu en Amérique jusqu’en 1938 avant d’être mobilisé, » explique McMurran. « Comme il parlait anglais, je lui ai dit que je voulais son emblème. Il a refusé. Je lui ai donné le choix entre le prendre de force et lui laisser me le donner. » McMurran l’a découpé lui-même, sans blesser personne.

McMurran a lu beaucoup de livres à propos de la guerre. « Parfois je ne suis pas d’accord parce que j’y étais et que je sais comment les choses se sont passées. »

McMurran s’est rendu dans toutes les écoles situées dans un rayon de 50 kilomètres autour de sa maison afin de parler aux jeunes du prix de la liberté.

Depuis la fin de la guerre, McMurran n’est jamais retourné en France. Cependant, l’an dernier, un de ses amis y est retourné et lui a apporté un flacon rempli de sable d’Utah Beach qu’il conserve sur une étagère.

McMurran n’est pas sûr de savoir quels évènements auront lieu près de Huntsville, à l’occasion du 70ème anniversaire du débarquement. « Je suis abasourdi quand je pense à la logistique et à la minutieuse organisation que tout cela a exigé, sans l’aide d’ordinateurs… seulement des tanks et de l’artillerie. »

En pensant à l’ampleur de la campagne, il reste sans voix pendant un instant. « Ce que je savais, c’est que je devais faire mon travail. En perdant la plage, nous perdions tout. »

Pour retourner à l’article principal et lire d’autres témoignages, cliquez ici.

Dernière modification : 14/12/2020

Haut de page